RE: Enhancing funding and service delivery in agriculture: any ideas? | Eval Forward

Bonjour Chère Collègue,

Vous soulevez un problème intéressant et préoccupant qui touche le secteur agricole; le secteur que l'Afrique a tout intérêt à développer rapidement. En effet, le secteur agricole est le secteur qui utilise la majorité de la population active en Afrique. Elle y contribue pour en moyenne 35 % du Produit Intérieur Brut (PIB). En termes d’inclusion économique, l’agriculture est le secteur économique le plus accessible, employant la majorité de la population active en Afrique, soit 64% ; ce qui justifie que des actions porteuses à ce secteur soient susceptibles de toucher la majorité de la population. En plus, les études ont prouvé qu'une croissance de 10 % des rendements en agriculture se traduit par une réduction de la pauvreté de 7%. La croissance agricole a donc une capacité particulière à réduire la pauvreté dans tous les pays. Des estimations réalisées à partir d’un échantillon de pays montrent que la croissance du PIB due à l’agriculture est au moins deux fois plus efficace dans la réduction de la pauvreté que la croissance du PIB due à d’autres facteurs. En Chine, selon les estimations, la croissance globale émanant de l’agriculture a été 3,5 fois plus efficace en termes de réduction de la pauvreté que la croissance due aux autres secteurs – et 2,7 fois plus en Amérique latine. Ce n'est donc pas par hasard que le PDDAA (Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine ou en anglais Comprehensive African Agriculture Development, CAADP), soit le programme agricole du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), a fixé pour objectifs aux Etats africains de relever la productivité agricole de 6 % par an et de porter leurs efforts budgétaires consacrés à l’agriculture à au moins 10 % de leur budget. Cette suggestion a été adoptée à Maputo en 2003 par l’Assemblée de l’Union Africaine. Par la suite, l’Accord de Malabo sur la croissance et la transformation accélérées de l’agriculture pour une prospérité partagée et de meilleures conditions de vie en Afrique de 2014 a consacré la confirmation de cet engagement de Maputo par les Etats africains.
Au regard de tout ce qui précède, je dirais que "refuser d'accorder les 10% à l'agriculture dans un pays à vocation agricole comme c'est le cas de la plupart des pays africains, dont l'Ouganda, c'est refuser le développement".
Mon souhait serait donc que tous les Etats africains en prennent conscience avant qu'il ne soit trop tard. A cet effet, je voudrais rappeler qu'en dehors du budget national, il y a nombre d'Accords et Décisions au niveau international auxquels l'Ouganda pourrait se conformer pour mobiliser davantage de financement pour son secteur agricole. Il s'agit notamment de:
1) de l’Accord de Paris sur le climat ;
2) des Objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD), notamment les ODD 1, 2, 3, 8, 10, 15 et 17 ;
3) de l’agenda 2063 de l’Union Africaine sur l’Afrique que nous voulons ;
4) du Paquet de Nairobi sur l'agriculture, le coton et des questions relatives aux pays les moins avancés (PMA) ;
5) du Plan d’action d’Addis Abéba sur le financement durable de l’Afrique.
Telle est ma contribution à ce débat de si haute portée.

Merci.