RE: Evaluating agroecology: what is your experience? | Eval Forward

Merci Seda d'avoir mis en évidence l'outil TAPE. J'en avais entendu parler dans le cadre de l'examen de l'ODD 2 que nous avons effectué en 2019/20 et auquel vous avez fait référence.

Les lignes directrices TAPE fournissent de très bons exemples de questionnaires en annexe, qui pourraient être adaptés localement et utilisés par les évaluateurs (et autres) pour construire leur propre outil ou questionnaire. Les questions qui y sont incluses aident non seulement à mesurer mais aussi à définir l'agro-écologie en explicitant un certain nombre de variables clés.

Ainsi, les lignes directrices TAPE aident à répondre à la remarque de Laurent sur la nécessité de définir ce qu'est le succès dans la transition vers l'agroécologie. Je pense que c'est une question importante.

Il y a eu très peu de progrès dans la transition vers une agriculture plus durable, et l'une des raisons peut être que nous ne sommes pas nécessairement d'accord sur ce à quoi ressemble le succès. Si elle a donné lieu à des expériences intéressantes de la part de la société civile et des organisations d'agriculteurs depuis les années 1980, l'agroécologie n'a pas réussi jusqu'à présent à convaincre les décideurs des ministères de l'agriculture - sauf dans une poignée de pays comme le Sénégal, grâce aux efforts incessants d'ENDA Pronat, de sa secrétaire Mariam Sow et de bien d'autres.

L'agroécologie est même perçue comme idéologique ou militante par certains gouvernements, en raison de ses racines historiques en tant qu'alternative à la révolution verte. Une définition plus objective de l'approche permettrait donc de l'ancrer fermement dans la science, et TAPE peut y contribuer également.

Il est évident que la forme que prendra le succès dépendra du contexte agro-écologique. Cela n'aurait aucun sens d'appliquer exactement les mêmes critères partout dans le monde. Cela contredirait également un principe de base de l'agro-écologie, à savoir qu'elle est censée être ascendante.

Il me semble donc que la bonne façon de définir le plus précisément possible un produit ou un système agroécologique est de le faire localement, sur la base de normes minimales convenues avec les producteurs, les commerçants et les organisations de consommateurs locaux. C'est par exemple ce que le Nicaragua a fait avec sa loi pour la promotion de la production agroécologique et biologique (2011), suivie de normes techniques obligatoires approuvées et adoptées en 2013 pour caractériser, réglementer et certifier les unités de production agroécologiques. De nombreux pays ont fait de même, dans le but de promouvoir l'agroécologie par l'éducation des consommateurs et l'étiquetage des aliments.