RE: Challenges of evaluation | Eval Forward

Bonjour à tous,

Un grand merci à notre chère Hynda pour avoir ouvert un débat fort intéressant sur les défis et les contraintes qui entravent l'émancipation de l'évaluation dans certains pays. Tout ce qui a été dit est tout à fait valable dans son intégralité, mais néanmoins le manque de compréhension de la fonction d'évaluation, telle que l'évoque Hynda, très souvent perçue comme un contrôle et forçant beaucoup d'individus à des positions de résistance pour différentes raisons, reste un des défis qu'il est nécessaire de prendre en charge. De par ma modeste expérience dans les différents ateliers de formation sur la Gestion axée sur les Résultats que j'anime, dans son volet suivi-évaluation, je commence toujours par démystifier les fonctions de suivi et d'évaluation parmi les participants en posant une question simple: est-ce que nous faisons du suivi-évaluation dans notre vie quotidienne? Et j’engage ainsi un débat franc et serein avec les participants en les emmenant à évoquer des exemples de la vie courante où l'être humain pratique le suivi-évaluation de manière assez intuitive et fortuite. L'exemple d'un voyage en voiture vers une destination où on n'a jamais été pour y arriver à une date et une heure précise, selon un itinéraire précis que nous n'avons jamais emprunté, est l'exemple qui revient assez souvent. Et là nous commençons à décortiquer nos actions pour enfin découvrir que nous faisons assez fréquemment du suivi-évaluation, parfois sans se rendre compte, et concluant que finalement le suivi-évaluation est plutôt en notre faveur qu'en notre défaveur.

Cependant, d'autres défis guettent la fonction d'évaluation que je peux personnellement avancer, à titre d'illustration et sans être exhaustif, et qui sont plus logés dans l'environnement immédiat de la fonction d'évaluation, notamment:

  • L'auto-censure pratiquée par certains évaluateurs dans certains systèmes politiques afin de rester dans le "politiquement correct", poussant parfois les choses jusqu'à faire entendre aux responsables politiques et autres officiels ce qu'ils aiment entendre;
  • L'interférence de certains responsables politiques et autres officiels et la pression exercée sur les évaluateurs afin de changer certaines conclusions dans le rapport d'évaluation, voire même déguiser la réalité mise en évidence par l'exercice d'évaluation;
  • La rareté – voire l'absence – de statistiques officielles fiables et d'études sectorielles de qualité permettant de trianguler les "findings" d'une évaluation;
  • L'éloignement de certains évaluateurs de l'objectivité et la neutralité requises dans la fonction d'évaluation pour rester toujours dans le "politiquement correct" tout en pensant aux contrats futurs;
  • Le foisonnement de nombreux universitaires et académiciens ayant pour vocation d'élaborer depuis des décennies des études socio-économiques (tels des états des lieux, des diagnostics, etc.) et qui prétendent être des évaluateurs sans comprendre les fondements et les principes de la fonction d'évaluation et sans mise à jour préalable et nécessaire de leurs connaissances vis-à-vis de l'évaluation.

Voilà ce que je voulais partager avec les collègues à titre de contribution dans ce débat.

Cordialement

Mustapha Malki

Canada