Mesurer le développement de la résilience au Karamoja, Ouganda

Karamoja
@WFP/Gangale

Mesurer le développement de la résilience au Karamoja, Ouganda

5 min.

J’ai été récemment impliquée dans une évaluation à mi-parcours d’un programme inter-agences 2016-2020 visant à renforcer la résilience au Karamoja, région la moins développée de l’Ouganda.

Cette évaluation d’impact présentait un intérêt particulier car elle portait sur les différentes interventions de plusieurs agences et devait aussi prendre en compte des circonstances qui avaient évolué au cours du temps.

Le Karamoja, province située au nord-est du pays, est très vulnérable à l’insécurité alimentaire, aux restrictions des ressources et aux variations climatiques. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et le Programme alimentaire mondial (PAM) travaillent ensemble dans cette province depuis plus de vingt ans et ont récemment élaboré une stratégie de résilience visant à améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition des ménages bénéficiaires.

Les interventions programmées prévoyaient des Champs Écoles Producteurs, des programmes d’alimentation scolaire et des projets d’amélioration de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène.

Défis et opportunités

L’évaluation de l’impact de ce programme de développement de la résilience nous a amenés à faire face à de nombreux défis mais a aussi été l’occasion d’apprentissages essentiels. Elle a été par exemple l’occasion d’examiner et de renforcer l’adoption de la méthodologie de mesure et analyse de l’indice de résilience (RIMA), qui observe la manière dont les ménages font face aux chocs et aux facteurs de stress. L’outil RIMA est particulièrement appréciable en ce qu’il peut être utilisé pour évaluer l’impact de différents types de projets et programmes mis en œuvre par des acteurs nationaux et internationaux. En outre, il peut être utilisé pour évaluer des interventions combinées, en prenant en compte les nombreuses composantes  interconnectées de la résilience des ménages. 

Lors de cette évaluation, l’outil RIMA a été adapté au contexte, revu conjointement par les trois agences des Nations Unies impliquées et affiné de manière à inclure des indicateurs qui reflètent leur programme d’action respectif. Cet outil s’appuie sur des enquêtes menées auprès des ménages permettant de fournir un indice pluridimensionnel au niveau des ménages basé sur environ 30 composantes.

Une situation dynamique

Le principal défi relevé par cette évaluation de l’impact a été de prendre en compte des changements survenus dans le plan de mise en œuvre des Nations Unies sur la période – entre l’analyse de base (en 2016) et la collecte des données de suivi (en 2019). L’analyse de base portait sur les groupes de ménages suivants:

  1. Les cibles – ménages destinés à recevoir les aides des Nations Unies dans des zones sélectionnées au sein de deux districts;
  2. Les retombées directes dans les même districts –ménages situés dans les zones restantes des districts ciblés, qui n’ont pas été impliquées  dans les programmes des Nations Unies mais qui pourraient en bénéficier indirectement;
  3. Le groupe de contrôle –ménages situés dans un district éloigné où aucun plan immédiat ne prévoit la mise en œuvre d’un programme des Nations Unies;
  4. Les retombées indirectes –ménages situés dans deux districts différents de ceux où se trouvent les zones sélectionnées où aucun programme des Nations Unies n’est prévu;  
  5. Ethnie différente – les ménages situés dans deux districts où la population est constituée de ménages non-Karamojong et ne bénéficie pas d’interventions.

Entre l’enquête de base et celle de suivi, le plan de mise en œuvre a été modifié et les trois agences ont décidé d’intervenir dans différents zones de la région. Ayant réalisé une collecte de données de référence sur un échantillon représentatif de plus de 2 000 ménages, nous nous sommes efforcés d’adapter l’analyse aux changements de mise en œuvre intervenus et de simplifier les groupes de l’analyse de la manière suivante:

  1. Les ménages ciblés situés dans des zones sélectionnées des quatre districts cibles des programmes des Nations Unies;
  2. Les ménages de contrôle qui vivent dans les districts où aucune intervention n’a été mise en œuvre par l’une des trois agences;
  3. Les groupes bénéficiant des retombées constitués par les ménages qui vivent dans les zones non sélectionnées des districts cibles.

Un autre défi important était constitué par l’importance de la migration pastorale dans la région. Il était nécessaire de collecter un ensemble de données  dans ce contexte mais la réalisation des entretiens avec les mêmes ménages que ceux interrogés en 2016 était ardue, compte tenu des dynamiques affectant les ménage et le contexte migratoire.

Nous avons travaillé sur les aspects de l’enquête permettant le suivi des ménages et appris comment améliorer le processus lors de futures enquêtes, par exemple en recourant à la localisation SIG (Système d’information géographique) des ménages au moyen de tablettes mises à la disposition des recenseurs. Cela signifie, lors des activités de terrain, que les recenseurs pourront désormais recourir à l’application Google Earth (installée sur leur tablette) pour indiquer la localisation de base exacte des ménages qui doivent être suivis.

Les enseignements tirés de l’évaluation de l’impact au Karamoja seront utilisés lors des futures évaluations de l’impact qui utiliseront RIMA dans d’autres pays. Il sera sans aucun doute intéressant d’observer les résultats!

Map Uganda

Rapport de l’enquête de base pour l’évaluation de l’impact (FAO, 2017)