RE: Peut-on se contenter de l'évaluation seule pour s'assurer de l'atteinte des ODD? | Eval Forward

Cher Mustapha,

Merci pour votre message, qui soulève de nombreux sujets importants !

Pour n'en reprendre que quelques-uns, je commencerais par affirmer haut et fort que le suivi et l'évaluation ne sont en aucun cas mutuellement exclusifs et sont incontestablement complémentaires.

Il est peut-être vrai que l'évaluation se soit bien développée en tant que pratique, et plus encore que sa fonction sœur de suivi. Cela dit, une étude que nous avons réalisée (sur laquelle nous avons récemment partagé des résultats préliminaires - voir https://www.evalforward.org/fr/blog/evaluation-agriculture ) semble indiquer que dans de nombreux pays en développement, les évaluations se font surtout lorsqu'elles sont appuyées par un financement externe dédié: une indication que la ‘grande sœur’ n'est pas encore établie dans un modèle durable…

Votre message soulève quoi qu’il en soit une grande question, qui me préoccupe également: pourquoi la fonction de suivi n'a-t-elle pas encore fait l'objet du même intérêt de la part des donateurs; pourquoi les systèmes de suivi ne sont-ils pas exigés en priorité, compte tenu caractère essentiel de cet outil pour tirer des enseignements des actions passées et améliorer les actions futures à temps? Comme notre étude l'a également révélé, avant de promouvoir l'évaluation, les pays doivent mettre en place une culture générale de gestion axée sur les résultats, qui commence, avant même le suivi, par une planification axée autour des résultats.

Il est un fait que dans de nombreuses institutions, du niveau national au niveau international, le suivi est encore largement sous-estimé, sous-investi. Une façon serait peut-être de commencer par identifier qui a la plus fort intérêt à ce que le «S» remplisse sa fonction : d’identification de ce qui fonctionne ou pas, et causes et circonstances de ces dynamiques. À cet égard, nous, évaluateurs, pourrions jouer un rôle de soutient à l'émergence de cette fonction, dans nos sphères d'influence respectives; quitte à mettre de côté notre bien aimée indépendance pour un temps?… Qu’en pensent les autres évaluateurs?

Tout de bon à vous tous,

Aurélie