Innover dans le suivi et évaluation afin de mieux répondre aux besoins des décideurs au niveau national

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Innover dans le suivi et évaluation afin de mieux répondre aux besoins des décideurs au niveau national

4 min.

Pour faire face aux nouveaux défis dans le domaine de suivi et évaluation (S&E), il faut être innovants.

Tel est le thème qui a rassemblé des représentants de haut niveau du Bénin, du Sénégal, de la Tunisie et du Maroc, qui ont partagé des exemples d’innovations dans leurs systèmes nationaux de suivi et évaluation lors d’un panel en ligne organisé lors de la semaine gLOCALe de l’évaluation 2022. Certaines des innovations présentées en matière de S&E sont de type procédural, comme la réforme entreprise en Tunisie pour améliorer la gestion et l’évaluation de projets en difficulté qui a conduit à la préparation du cadre unifié pour l’évaluation des projets publics ainsi qu'à l’informatisation de leur suivi. D'autres innovations présentées sont en revanche de type méthodologique, comme les évaluations rapides et les évaluations dites facilitées au Bénin. Les évaluations facilitées combinent l’approche interne consistant à confier la conduite de l'évaluation aux gestionnaires des projets et l’approche externe des évaluations indépendantes de manière à améliorer l’appropriation du processus: les équipes du projet évalué sont appuyées par un consultant senior externe qui assure l’objectivité des résultats.

Le rôle majeur du suivi afin de répondre aux exigences en temps réel des décideurs politiques a également été souligné, comme mentionné dans le blog à l'origine de ce panel. Le Maroc a également partagé les résultats prometteurs d’une expérience inédite visant à rassembler plusieurs acteurs autour d’un champion d’évaluation, à savoir l’Agence Millennium Challenge Account (MCA), qui a proposé le renforcement des capacités d’évaluation à travers un partenariat de recherche, en finançant des évaluations de projets dans le domaine de l’emploi et visant à renforcer la culture de l’évaluation dans le pays.

Les panelistes du Sénégal et du Bénin ont pour leur part mis en exergue les aspects innovants sur le plan institutionnel, notamment le besoin d’appui politique au plus haut niveau, qui s'est matérialisé dans leur cas à travers la création de structures en charge de l’évaluation rattachées à la Présidence de la République. Les options permettant de favoriser la participation des citoyens aux processus d’évaluation de politiques publiques ont aussi été débattues, comme dans le cas de l’évaluation en cours du système de santé sénégalais. La contribution et le rôle des réseaux et des associations d’évaluateurs au niveau national ont en outre été salués par les participants du panel comme un moteur d’innovations en évaluation.

La mise en place de plateformes numériques au niveau national a également été soulignée comme nécessaire afin de démocratiser l’accès aux processus et aux résultats des évaluations. Aucun des pays représentés dans le panel ne dispose aujourd’hui de site internet qui centralise les résultats des évaluations et les rende disponibles à tous, en dehors de l’initiative récente du site web du Bureau de l’évaluation des politiques publiques de la République du Bénin. Ces approches, outils et options institutionnels innovants visent tous à accroître la crédibilité des résultats des évaluations.

En somme, les exemples des quatre pays considérés lors des débats révèlent que l’institutionnalisation du S&E et l’incorporation d’innovations requièrent des soutiens au plus haut niveau des États, afin de répondre efficacement aux besoins de données factuelles qui éclairent l’élaboration des politiques publiques. Parallèlement, le renforcement des capacités et la participation des différents acteurs, voire la démocratisation des outils pour une appropriation plus vaste de la pratique de l’évaluation, demeurent les ingrédients clés de la démarche d’évaluation au niveau national.