Élaborer des systèmes MEAL efficaces, inclusifs et sensibles au genre

Élaborer des systèmes MEAL efficaces, inclusifs et sensibles au genre
22 contributions

Élaborer des systèmes MEAL efficaces, inclusifs et sensibles au genre

Farmers collecting data in Sudan
©FAO

Chers membres d'EvalForward,

Dans ce forum, nous mettons l'accent sur l'évaluation mais, selon mon expérience, si les programmes/projets disposaient d'un bon système MEL (Suivi Évaluation et Apprentissage) ou MEAL (Suivi Évaluation Redevabilité et Apprentissage), l'évaluation indépendante pourrait en tirer profit: l'évaluation pourrait se concentrer davantage sur les aspects de réflexion et d'apprentissage, en consacrant moins de temps et de ressources à la collecte des données et des informations.

Toutefois, les systèmes MEL/MEAL se limitent souvent à la conformité, aux réalisations et à l'impact, et comprennent rarement les problématiques transversales telles que le genre et les principes consistant à ne laisser personne de côté.

Je souhaiterais connaître votre opinion sur les points suivants:

  • Comment peut-on élaborer des systèmes MEAL efficaces et inclusifs?
  • Quelles sont les contraintes rencontrées et comment les résoudre?

Je travaille principalement dans des situations d'urgence et suis donc particulièrement intéressé par ce domaine mais tous vos commentaires dans les domaines de l'urgence ou du développement, y compris dans les secteurs de l'agriculture et du développement rural, sont les bienvenus!

Cordialement

Eriasafu

 

Cette discussion est terminée. Veuillez contacter info@evalforward.org pour plus d'informations.
  • Chers membres,

    Bonne année!

    L'élaboration de systèmes de suivi, évaluation, redevabilité et apprentissage (MEAL) efficaces, inclusifs et sensibles au genre est prioritaire dans les programmes des acteurs de développement et humanitaires.

    Si un programme ou un projet a un bon système de suivi, évaluation et apprentissage (MEL) ou MEAL, une évaluation indépendante devrait en tirer parti. L'évaluation peut alors se concentrer davantage sur les aspects de réflexion et d'apprentissage, en consacrant moins de temps et de ressources à la collecte des données et des informations.

    Les programmes qui tirent parti d'une fonction MEL/MEAL efficace sont conçus pour répondre aux besoins réels des personnes. Les acteurs peuvent mesurer leur performance, réfléchir et tirer des enseignements importants. Toutefois, les systèmes MEL/MEAL se limitent souvent à assurer la conformité et à mesurer les produits, les réalisations et l'impact et incluent rarement les problématiques transversales telles que les questions de genre et les principes consistant à ne laisser personne de côté.

    Avec cette idée en tête, j'ai proposé une discussion sur le thème «élaborer des systèmes MEAL efficaces, inclusifs et sensibles au genre», à laquelle 19 membres ont participé sur une durée de deux semaines environ. La discussion invitait les participants à s'exprimer à la fois sur des interventions d'urgence et de développement, comprenant le développement agricole et rural, et s'interrogeait sur:

    - Comment pouvons-nous élaborer des systèmes MEAL efficaces et inclusifs?

    - Quelles sont les contraintes et comment y répondons-nous?

    Je souhaite remercier tous les participants. Vos contributions ont rendu la discussion riche et concluante. Voici ci-après un aperçu des principaux messages.

    Comment pouvons-nous élaborer des systèmes MEAL efficaces et inclusifs?

    1. Les systèmes MEL/MEAL sont souvent trop axés sur la redevabilité envers les donateurs et sur le recueil des données sur les résultats tels qu'établis dans le cadre des résultats ou la théorie du changement. Ils devraient au contraire être guidés par des questions définies par les utilisateurs primaires.
    2. L'examen des hypothèses est tout aussi important, voire plus important, que la mesure des indicateurs. Minimiser le questionnement sur les hypothèses entrave la qualité de la réflexion et de l'apprentissage.
    3. Si les nombres générés par le suivi et évaluation sont importants, il est probablement encore plus important de comprendre comment ils ont été générés.
    4. Pour qu'un système MEL soit sensible au genre, il faut contrôler les éléments suivants: l'inclusion et l'intersectionnalité, le principe de représentation, le principe de participation et l'équité dans les relations de pouvoir entre (ou au sein) des différents groupes.
    5. Pour promouvoir des systèmes MEL efficaces, inclusifs et sensibles au genre, le suivi par les citoyens peut être une voie à suivre. Il peut prendre la forme d'un tableau de bord du citoyen ou de tout autre instrument de compte-rendu (tel que les instruments participatifs).
    6. Les bons systèmes MEL/MEAL s'appuient sur une bonne conception du programme/projet. En dehors des cas où un programme ou projet intègre le handicap, les personnes âgées, les enfants et les différentes orientations sexuelles dès la phase de conception, les résultats de l'évaluation ne comprennent généralement par ces groupes de personnes de manière satisfaisante. Nous devons donc veiller à la qualité et à la transparence des données et nous assurer que les opinions de toutes les parties prenantes, notamment des personnes défavorisées, sont prises en compte.
    7. Un bon modèle logique/ une bonne théorie du changement sont basés sur l'intégration de l'analyse de genre et de l'inclusion. Tous les acteurs de la chaîne ‒ le gouvernement et ses organes (ministères sectoriels, régions, municipalités et comités de village, y compris les chefs ou leurs représentants) ‒ doivent être impliqués.
    8. Les indicateurs doivent être spécifiés selon les différents groupes de bénéficiaires de la sécurité alimentaire (femmes enceintes, personnes handicapées, enfants, personnes âgées, ménages dirigés par des femmes, ménages polygames où les femmes disposent de leurs propres cuisines et ne dépendent pas de leurs maris).
    9. Les questions de genre s'appliquent également à d'autres populations vulnérables: personnes handicapées, personnes en situation de migration forcée, populations autochtones, enfants, etc.
    10. Une conception du programme ou projet qui s'appuie sur les éléments de preuve offre une base solide pour établir des systèmes MEAL efficaces, inclusifs et sensibles au genre. Les préparatifs doivent être faits très tôt, en amont du processus MEL. La méthode des 4 R (responsibilities, rights, relationships and revenues) peut être très efficace dans ce cas, car elle identifie les parties prenantes du projet selon leurs responsabilités, leurs droits, leurs relations et leurs revenus.

    Quelles sont les contraintes et comment y répondons-nous?

    1. Le niveau des ressources disponibles et exploitables entre en ligne de compte lors de l'élaboration des systèmes MEAL. Il faut inclure les ressources humaines disponibles en termes d'expertise (personnes qui pratiquent l'évaluation et qui disposent d'une expertise sur les problématiques de genre), de temps et de fonds, en particulier au niveau du pays et de la région. Lorsque les ressources nécessaires n'existent pas, des efforts doivent être déployés pour les développer dès le début de l'élaboration du système MEAL.
    2. Dans des contextes d'urgence et de crises, de multiples contraintes et limites existent, notamment des problèmes en termes de sécurité d'accès aux sites du projet et aux informateurs prévus, de disponibilité et de fiabilité des données et de biais possible des informateurs clés en raison de leur localisation ou affiliation. Ces contraintes peuvent être surmontées en recourant à des partenaires/experts locaux, au suivi par un tiers et/ou aux technologies modernes qui permettent un suivi et une collecte des données à distance.
    3. Ayant été principalement limités à des programmes/projets, les systèmes MEL/MEAL n'ont pas été à même d'élargir leur portée à l'apprentissage et à son importance pour la croissance et le développement nationaux. En conclusion, les systèmes MEL/MEAL devraient être institutionnalisés au sein des organismes gouvernementaux et non gouvernementaux dans tous les secteurs.

     «La réflexion et l'apprentissage … se produisent lorsque l'on révèle ce qui était inconnu à travers l'écoute et que l'on apprend de ceux qui sont dans le besoin ‒ les communautés exclues et mal desservies ‒ non pas en mesurant les responsables.» (Daniel Ticehurst). Cette affirmation de Daniel met l'accent sur la raison pour laquelle nous devons plaider pour des systèmes MEAL inclusifs et sensibles au genre.

    En conclusion, la prise en compte du genre est complexe. Même les organisations humanitaires et de développement dont les programmes disposent d'une large composante relative aux questions de genre peuvent affronter de nombreuses difficultés pour garantir des systèmes MEAL adaptés aux questions de genre, que ce soit au niveau d'un projet, d'un programme ou de l'organisation.

     

  • Chers membres d'EvalForward

    Ma contribution sur le MEL&MEAL.

    Les systèmes de suivi et d'évaluation sont présents dans tous les secteurs de l'économie : cela en fait un moyen important d'apprentissage, où les chercheurs et les décideurs politiques devraient aller pour obtenir des informations, des connaissances et des mises à jour avec des statistiques et des données pertinentes pour les politiques, programmes et projets gouvernementaux. Toutefois, pour être pleinement intégrées en tant qu'entité et processus d'apprentissage, les informations et données passées et présentes relatives aux politiques, programmes et projets gouvernementaux doivent être conservées/stockées et institutionnalisées pour les processus d'apprentissage et pour que les organismes indépendants et autres puissent se procurer des informations et des données à des fins de recherche et de politiques.

    Souvent, dans le suivi et l'évaluation, les intérêts principaux sont les résultats et les impacts des programmes/projets, laissant d'autres éléments de côté, y compris les politiques gouvernementales qui affectent la croissance économique et le développement et les questions de genre, où l'inclusion devrait être la plus importante pour toutes les parties prenantes. Faire de MEAL/MEL une voie d'apprentissage permettrait de créer et d'élargir la portée des systèmes de suivi, d'évaluation et d'apprentissage : il pourrait devenir une institution d'apprentissage nationale qui servirait et rendrait l'inclusion importante pour tous. L'inclusivité garantira un mécanisme participatif dans le développement du système lui-même.

    Fondamentalement, la pérennité d'un programme ou d'un projet repose sur un système de suivi et d'évaluation, car c'est lui qui examine les résultats et l'impact sur la société. Dans ce cas, il devient un effet durable, et un moyen par lequel les programmes/projets se développent continuellement. Il devrait être institutionnalisé pour créer un chemin et une voie d'apprentissage.

    En attendant, parce qu'ils ont été principalement limités aux programmes/projets, les systèmes MEL/MEAL n'ont pas été en mesure d'élargir leur champ d'action à l'apprentissage et à leur importance pour la croissance et le développement national. Leur institutionnalisation permettrait d'éliminer cette limitation. Le développement rural n'a pas été pleinement pris en compte, saisi et intégré en raison de l'accessibilité des communautés à l'information et à la collecte de données. L'accent devrait être mis sur le développement rural afin de s'assurer que les informations sont bien recueillies pour la mise à jour et le développement. Cela aiderait également au développement agricole et aux besoins d'urgence à tout moment.

    En définitive, si MEL/MEAL est un système, qu'il soit institutionnalisé pour servir de base de données nationale pour tous les secteurs.

    Merci

    Esosa

     

  • Bonjour les experts !

    S'assurer que tout est clair en termes de base de référence, de TdC et de CLA, comme l'a dit Sylvain, m'amène à l'idée de baser également les efforts pour construire un système MEAL sensible au genre sur les résultats d'une analyse de genre (bien sûr guidée par des experts en genre).

  • Salutations à vous, membres !

    En fait, vous pouvez convenir qu'il y a plusieurs agences où le genre est une composante clé de leur programmation. Cependant, ces agences doivent encore relever des défis pour institutionnaliser le MEAL sensible au genre. Par exemple, je suis en train de terminer ma dissertation intitulée "Facteurs influençant le suivi sensible au genre dans les organisations non gouvernementales...". Sur la base des résultats et de nos discussions ici sur EvalForward, je peux conclure que même les agences humanitaires ou de développement dont les programmes ont une grande composante de genre peuvent faire face à de sérieux défis pour assurer des systèmes de suivi sensibles au genre - que ce soit au niveau du projet, du programme ou de l'organisation -. Par conséquent, je suis également d'accord avec vous, Kien, pour dire que "les paramètres d'inclusion, d'efficacité et d'efficience sont plus faciles, mais la prise en compte du genre est si compliquée". 

    Je pense que les agences devraient utiliser une approche plus fondée sur les preuves afin de renforcer la sensibilité au genre au niveau des projets, des programmes et des organisations.

  • En regardant les réponses, je ne suis pas sûre que nous répondions aux questions soulevées par ERIASAFU LUBOWA. Tout d'abord, la sensibilité au genre est comme le niveau le plus élevé du continuum du genre. Elle a des attributs ou des caractéristiques (si vous voulez) qui doivent être intégrés dans le cycle MEAL et les contraintes et leurs solutions devraient être contextuelles, comme Daniel Ticehurst a délibéré, et une taille unique peut ne pas convenir à tous, selon l'approche que l'équipe MEAL choisit d'utiliser et non les méthodes. 

    Voici mon point de vue sur la façon de rendre le système MEAL sensible au genre,

    Pour qu'un système soit sensible au genre, il doit vérifier les points suivants :

    • L'inclusivité et l'intersectionnalité doivent être prises en compte de la pré-conception à la conception, en passant par la mise en œuvre et la clôture.
    • Le principe de représentation : l'accent doit être mis sur l'utilisation de l'approche féministe MEAL afin que les deux sexes contribuent aux processus. Les fonctions décisionnelles (parlements, conseils d'administration des entreprises, direction des syndicats, etc.) sont des indicateurs importants de l'accès des femmes et des hommes à la parole et au pouvoir. Toutefois, il ne suffit pas de compter les femmes et les hommes. Il est tout aussi important de considérer les résultats réels des décisions prises par les organes de décision et leurs effets sur l'égalité entre les femmes et les hommes.
    • Le principe de la participation doit être intentionnel pour l'équipe de design dès le départ : Il est toujours souhaitable d'obtenir une plus grande participation du sexe sous-représenté ou défavorisé à une activité donnée (cours de formation, discussion sur une nouvelle politique, etc. ). Néanmoins, un projet n'est pas nécessairement sensible au genre ou ne contribue pas à l'égalité des sexes simplement parce qu'un taux élevé de femmes a pris part à ses activités.
    • Enfin, se concentrer sur l'égalité des relations de pouvoir implique d'aborder les relations de pouvoir entre (ou au sein de) différents groupes. Cela signifie que les évaluateurs doivent acquérir une compréhension complète du contexte dans lequel les changements ont eu lieu. Cela signifie également que les évaluations doivent être menées d'une manière qui soit sensible à l'autonomisation des groupes défavorisés.

    Une fois ces aspects abordés, l'équipe MEAL doit intégrer les concepts ci-dessus dans ses systèmes MEAL de la manière suivante :
    - Intégrer tous les concepts sensibles au genre dans le système MEAL par exemple.
    - Réaliser une analyse de situation sensible au genre
    - Le plan MEAL doit être sensible au genre.
    - Utiliser des méthodes mixtes qui tiennent compte de la dimension de genre
    - Utiliser des outils qui tiennent compte du genre

    Enfin, l'écosystème MEAL doit être respectueux, participatif, réfléchi, transparent et responsable tout au long de la chaîne de valeur des systèmes agricoles ou alimentaires.

     

  • Chers membres d'EvalForward,

    J'ai besoin d'idées et de soutien sur les meilleures pratiques MEAL dans le secteur bancaire. 

    Merci

  • Bonjour cher(e)s expert(e)s!

    Merci également pour vos contributions, et je porte ma part de connaissance dans le sens plus spécifique "le genre dans le secteur alimentaire - agriculture". Sans répéter les contributions des autres, il est important que tout soit claire, au niveau:

    1. des indicateurs, qui doivent être bien précis selon les différents groupes de bénéficiaires en sécurité alimentaire (les femmes enceintes, les personnes vivant avec l'handicape, les enfants, les personnes âgées, les ménages dont les femmes sont les chefs de ménages, les ménages de polygames selon lequel les femmes ont leurs propres cuisines et ne dépendent pas de leur mari) pour faciliter à désagréger les questionnaires spécifiques y relatif et surtout, la contribution des activités pour répondre aux indicateurs. Il s'avère que la spécification des indicateurs permettra également à déterminer les questions selon le rôle de différent groupe bénéficiaire  pour permettre à rapporter les informations sur ces indicateurs selon les différents groupes.

    2. Évaluation de base ou initiale: pour maîtriser et identifier les problèmes préliminaires afin de définir les indicateurs il faut bien spécifier élégamment les ménages qui cultivent, les ménages qui sont les propriétaires de terre arable etc...., les catégories de personnes qui cultivent etc...

    3. De la théorie de changement du projet : cette démarche définira les activités, les produits, leurs résultats afin de suivre le progrès et la fidélité de la mise en œuvre des activités pendant l'exécution du projet; et cela, pour permettre à la revue trimestrielle des activités. Dans l'objectif d'adapter les activités, passer à la formation des acteurs afin de bien planifier, pour l'atteinte des résultat efficace.

    4. du CLA (par son acronym anglais: Collaboration, Apprendissage et Adaptation): Adaptation, formation et Apprentissage sur les leçons apprises par les résultats, ceci pour ramener les intervenants à revoir les activités, les re-planifier selon un budget efficace et ses personnels formées par rapport au résultat d'évaluation afin de d'améliorer le résultat et répondre aux indicateurs.

    Sylvain LIMBISA NAKITUMBA

  • Cher ami,

    Ce sujet est passionnant. A mon avis, tout système/procédure peut fonctionner selon une approche étape par étape. A chaque étape, nous pourrions développer un ensemble de mesures et d'indicateurs pour chaque étape du système MEAL. Le paramètre de l'inclusion, de l'efficacité et de l'efficience peut être plus facile, mais la prise en compte du genre est si compliquée. De mon côté, je suis impatient d'entendre les réactions des experts et des scientifiques dans ce domaine.... Je vous souhaite un bon week-end.

     

  • Bonjour à tous voici ma contribution par rapport au sujet.

    • Comment peut-on élaborer des systèmes MEAL efficaces et inclusifs ?

    Oui on peut élaborer et pour ce faire à mon avis :

    Il faut impliquer tous les acteurs de la chaine à savoir l’Etat et de ses démembrements (les ministères sectoriels, les régions, les communes et les comités villageois y compris les chefs de villages ou leur représentants).

    Il faut également prendre en compte d’autres expériences déjà fait sur le terrain.

    Il faut prendre en compte les besoins des personnes en situation d’handicap en plus du genre.

    Enfin je pense que vous devait tenir compte du marché sur produit ciblé au moment de l’urgence.

    • Quelles sont les contraintes rencontrées et comment les résoudre ?

    Quelques difficultés rencontrées :

      • La non implication de certains acteurs au départ du projet ;
      • La maitrise des méthodes utilisées par les populations sinistrées ;
      • La non prise en compte de l’étude du produit avant et pendant la catastrophe ou la crise ;

    Pour mitiger, quelques sont à explorer :

      • L’implication effective de tous les acteurs à tous les niveaux ;
      • Expérimenter d’autres méthodes non maitrisées par les populations cibles ;
      • Avant de s’engager il faut toujours prendre en compte le marché avant la crise et après la crise.
  • Merci Eriasafu pour ce sujet pertinent. Pour développer un système d'AME inclusif, les chances sont très bonnes si l'on commence par élaborer une théorie du changement inclusif et par saisir la base des problèmes d'inclusivité. Cela garantit ensuite l'inclusivité dans la création des cadres logiques et des plans de travail, et finalement dans les indicateurs qui comprennent à la fois des indicateurs qualitatifs et quantitatifs, les interventions inclusives menées, la collecte de données désagrégées, les données collectées en appliquant diverses méthodes qualitatives et quantitatives et les rapports. Et aussi l'inclusion dans le retour d'information des bénéficiaires.

    L'équipe du projet/programme peut ne pas comprendre ce que signifie l'inclusion si la mise en œuvre commence à un stade tardif.

  • Chers collègues membres d'EvalForward,

    Suite aux contributions enrichissantes partagées ici par d'autres partenaires de l'évaluation, j'apporte ma petite pierre à l'édifice en m'inspirant de l'approche de Save the Children qui consiste à inclure le Quantum de genre dans MEAL (Suivi Évaluation Redevabilité et Apprentissage) en ce qui concerne la programmation globale.

    Pour passer d'une programmation et d'une évaluation qui exploitent le genre à une programmation et une évaluation qui tiennent compte du genre ou, mieux encore, qui le transforment ;

    • Les institutions sont invitées à commencer par des propositions ou des plans qui sont intrinsèquement informés par une évaluation de genre ou qui ont une évaluation intégrée des besoins qui prend en compte les questions de genre.
    • Prendre en compte des individus spécifiques (garçons, filles, hommes, femmes) pour l'analyse et non de manière générale ; les ménages, les personnes, les familles ou les communautés.
    • Décrire clairement les inégalités de genre pertinentes et uniques telles que les normes sociales discriminatoires, les barrières de genre, etc.
    • Exprimer comment les différentes inégalités de genre vécues par les filles, les garçons, les femmes et les hommes affecteront la réalisation des objectifs du projet, notamment en ce qui concerne les avantages et la participation équitables des filles, des garçons, des femmes et des hommes.

    Lorsque ces facteurs et d'autres sont pris en compte dans l'élaboration d'un programme/projet, les spécificités suivantes peuvent être considérées lors de la planification du MEAL pour assurer la sensibilité/transformité au genre ;

    • Les indicateurs quantitatifs (y compris les cibles) doivent être désagrégés par sexe et par âge.
    • Les indicateurs doivent être fixés de manière stratégique pour combler les écarts entre les sexes (différences disproportionnées entre les sexes).
    • La méthodologie de suivi et d'évaluation doit inclure le travail dans des espaces sécurisés pour les femmes et les hommes (par exemple, en menant la collecte de données séparément avec les filles, les garçons, les femmes et les hommes, et en utilisant des recenseurs féminins avec les parties prenantes féminines et des recenseurs masculins avec les parties prenantes masculines [appariement des sexes]).
    • Le cadre MEAL doit inclure explicitement une analyse de genre continue, permettant l'identification des écarts entre les sexes.
    • Le système doit suivre l'évolution des connaissances, des attitudes, des perceptions et des comportements liés à l'égalité des sexes au niveau des effets.
    • Le plan de suivi et d'évaluation comprend des énoncés de résultat qui mesurent les effets liés aux changements en matière d'égalité entre les sexes (par exemple, les progrès réalisés pour combler un écart entre les sexes ou éliminer les obstacles fondés sur le sexe).

    Ces considérations doivent également se refléter dans la budgétisation afin que le système MEAL et les opérations de programmation ne soient pas confrontés à des goulots d'étranglement involontaires pour assurer l'inclusion du genre en général ;

    • La proposition de budget doit allouer des ressources financières pour la mise en œuvre complète des activités liées au genre du projet. Cela peut se faire soit par
    • de lignes budgétaires consacrées à des activités spécifiques axées sur l'égalité des sexes ; et/ou,
    • de lignes budgétaires consacrées à des activités qui incluent explicitement des composantes d'égalité de genre (par exemple, la construction de latrines qui répondront aux besoins spécifiques des filles et des garçons).
    • Ligne(s) budgétaire(s) du projet consacrée(s) à l'assistance technique en matière d'égalité des sexes pendant la mise en œuvre du projet (par exemple, conseiller en égalité des sexes, etc.).
    • Le projet comprend une ou plusieurs lignes budgétaires consacrées à la formation à l'égalité de genre et au renforcement des capacités du personnel local, des partenaires locaux, des bénéficiaires et/ou des parties prenantes clés.

    Enfin, dans une perspective de durabilité des interventions ;

    • Le programme/projet identifie et traite explicitement les normes sociales et les institutions discriminatoires.
    • Le programme/projet plaide en faveur d'une législation et de politiques qui favorisent l'égalité des sexes (par exemple, en remplaçant les lois discriminatoires à l'égard des femmes ou des hommes, ou en plaidant pour l'inclusion de composantes d'égalité des sexes dans les lois existantes).

    Adopté de Save the Children Zambia - Gladys Musaba

  • Chers tous,

    Salutations de Kigali, cette discussion est très instructive et vraiment utile pour ma mission actuelle. Je travaille sur un système de S&E sensible au genre pour le secteur de l'éducation au Rwanda et je voulais remercier les membres d'Evalforward qui ont contribué jusqu'à présent. 

    J'ai hâte de lire toutes les contributions et j'espère partager des leçons plus tard, lorsque j'aurai terminé ma mission.

    Bien à vous,

    Judith

  • Tout en continuant à partager des idées, pensez à la façon dont nos idées pourraient être utilisées pour favoriser le développement de systèmes MEAL inclusifs et sensibles au genre pour des interventions typiques de sécurité alimentaire, d'agriculture et de développement rural.

  • Bonjour à tous les participants à la discussion,

    Je vous remercie pour vos idées. Je suis convaincu que toute personne qui développe ou renforce son système de S&E trouvera toutes ces idées très utiles. Permettez-moi d'ajouter quelque chose.

    Il est intéressant d'apprendre que "l'objectif et l'utilité" devraient être pris en compte dès le début lors du développement d'un système MEAL.

    Je pense que, indépendamment des autres objectifs du système MEAL, "la réflexion et l'apprentissage" sont des aspects importants à prendre en compte lors de la définition de l'objectif et de l'utilité du système.

    En ce qui concerne la responsabilité du système MEAL, les processus et activités de responsabilité doivent également prendre en compte les différents contextes au sein des groupes ciblés (les communautés, les bénéficiaires ou les personnes affectées par la crise). Par exemple, le mécanisme de feedback et de réclamation doit être accessible à TOUS, ce qui rend le système de redevabilité inclusif d'une certaine manière.

    D'après mon expérience, à moins que le programme, le projet ou l'évaluation elle-même n'intègre le handicap, les personnes âgées, les enfants et les différentes orientations sexuelles dès la phase de conception, il est fréquent que les résultats de l'évaluation ne parlent pas de ces groupes de manière satisfaisante. C'est également là que l'aspect de l'approche basée sur les droits de l'homme - HRBA - devrait intervenir fortement dans le développement et l'opérationnalisation des systèmes MEL (comme Serdar l'a mentionné).

    Certainement, toutes les idées postées mises ensemble donnent une bonne compréhension de la façon dont nous pouvons développer des systèmes MEAL efficaces et inclusifs, les contraintes impliquées, et comment les aborder.

    Daniel, vous avez mentionné que "je crois qu'une telle réflexion vient en révélant l'inconnu en écoutant et en apprenant de ceux qui sont dans le besoin, sans mesurer ceux qui sont en charge - les communautés exclues et mal desservies". Vraiment, cela souligne pourquoi nous devons plaider pour des systèmes MEAL inclusifs et sensibles au genre.

  • Afin d’élaborer des systèmes MEAL efficaces, inclusifs et sensibles au genre, il conviendrait probablement d’interroger le niveau des ressources disponibles et mobilisables : 

    1. D’abord la question des ressources humaines. Quelles sont les ressources humaines disponibles localement ? Si l’on recherche des personnes qui pratiquent l'évaluation et qui ont une expertise sur les questions de genre, bien entendu dans nos pays ces expertises existent, mais où se trouvent-t-elles présentement ?

    Elles se trouvent dans le système des Nations Unies, elles se trouvent dans quelques ONG internationales, elles se trouvent dans quelques ministères. Par conséquent, si nous cherchons des personnes qui ont une expertise en évaluation et en genre, et qui sont disponibles pour conduire des missions d’évaluation, nous sommes rapidement en difficulté.

    Cela se traduit dans la qualité des travaux évaluatifs menés sur les questions de genre qui ont donc énormément de faiblesses, car les personnes qui mènent ces évaluations n’ont pas la maîtrise des outils d’analyse de genre. Ces personnes n’ont pas une expertise suffisante pour analyser la complexité qui se trouve généralement dans ces problématiques. On va donc voir des rapports qui abordent la question de la participation des hommes et des femmes, mais n’évoquent pas les autres questions comme les normes et pratiques sociales néfastes aux filles et aux femmes, les rapports de pouvoirs inégaux et la participation aux sphères de décision, la division sexuelle du travail et la charge de travail des hommes et des femmes, les violences basées sur le genre, le harcèlement sexuel, les exploitations et abus sexuels, … 

    Parfois, l’intégration du genre se fait autour d’un axe ou d’une partie du document livrable, et sacrifie ainsi la transversalité de la prise en compte du genre. Ainsi, le genre se retrouve uniquement dans une partie dédiée alors qu’il devrait se retrouver à tous les nouveaux d’analyse, quelque soit la partie du travail. D’ailleurs la commande des évaluations est elle-même responsable. Le genre est commandé comme un élément qui vient s’ajouter à une évaluation, alors que c’est le processus évaluatif qui doit prendre en compte le genre. L’évaluateur devrait analyser la pertinence genre, l’efficacité genre, …. et pas faire une partie sur le genre.

    Les ressources chargées du suivi-évaluation au sein des ministères ont-elles été formées sur le genre? Je laisse à chacun le soin d’apporter la réponse qui s’applique à son terrain.

    1. La ressource « temps » est également à prendre en compte. Or le temps manque toujours pour mener les activités requises. 

    Prenons par exemple des outils courants :

    • Le profil d’activités des parties prenantes dans une communauté ou le profil d’accès aux ressources ou de contrôle de celles-ci sont vraiment des outils basiques dans l'analyse de genre : dans une communauté, il faut compter environ 3 heures pour construire cela de manière participative avec les participant·e·s sur un site et donc ça demande du temps.
    • Le profil de l’agenda journalier des hommes et des femmes qui pratiquent la même activité dans le même contexte, outil qui permet de mettre en évidence la charge de travail des hommes et des femmes, répartie sur les questions de production, les questions de reproduction, les activités politiques et sociaux-communautaires, prend lui aussi beaucoup de temps pour sa construction.
    • Les cadres de suivi évaluation n’intègrent pas souvent le genre, et l'équipe d’évaluation doit alors d’abord construire ce qui aurait pu être le cadre de suivi des changements en matière de genre, avant de “chercher” les effets et impacts qui ont pu se produire! Tout ceci prend du temps.

     

    1. On peut également relever la question des ressources financières. Les ressources financières prévues pour mener les activités de genre restent insuffisantes. Quels sont les moyens financiers que les parties prenantes sont prêtes à mobiliser ? Jusqu'ici, on a beau le dire, le genre a tendance à être perçu et pratiqué comme un appendice, comme quelque chose qui vient s’ajouter à un quelque chose qui existe déjà. On écrit un projet et après on vient regarder ce que l’on peut ajouter sur les questions de genre.

    De ce fait, les budgets alloués aux questions de genre sont habituellement très faibles, ce qui ne donne pas la possibilité de faire véritablement des activités qui devraient être menées. Les exercices comme la budgétisation sensible au genre ne sont pas entrepris lorsque les projets sont en formulation!

    La mobilisation de ces trois ressources forme un ensemble de défis qui font que les questions de genre ne sont pas véritablement prises en compte dans les projets, les programmes et les politiques mais également dans les évaluations. De quels délais disposons-nous pour que de tels systèmes soient probants ?

    Ce constat posé sur la prise en compte des questions de genre vaut également pour les autres populations vulnérables : les personnes en situation de handicap, les populations en migrations forcées, les populations autochtones, les enfants, ...

    Thaddée Yossa

     

  • Bonjour Eriasafu et Serdar,

    Sujet très utile pour en savoir plus sur le S&E inclusif et sensible au genre. Merci, Serdar, pour vos points importants. En complément de ce que vous (Serdar) avez écrit (j'espère avoir votre permission !), je trouve que les domaines suivants sont importants lors de la mise en place du S&E inclusif et sensible au genre : 

    • Les utilisateurs : Nous trouvons qu'il est important de commencer par l'utilisateur des données lors de la conception de tout système de S&E. Habituellement, nous devons rendre des comptes aux bailleurs de fonds. Cependant, le S&E inclusif est supposé bénéficier aux personnes qui partagent leurs informations, et aux décideurs politiques pour prendre des décisions politiques appropriées. C'est pourquoi je penche pour le suivi par les citoyens, qui peut prendre la forme d'une fiche d'évaluation par les citoyens ou d'autres outils (comme d'autres outils participatifs). 
    • Ensemble d'objectifs - Les femmes, les jeunes, les minorités sexuelles et de genre sont-ils explicitement mentionnés, par exemple (selon le contexte) ? 
    • Indicateurs - Disposons-nous d'indicateurs qualitatifs et quantitatifs, mesurant les changements/résultats/impacts sur les différents groupes de personnes (femmes, jeunes, minorités sexuelles et de genre) ? 
    • Outils - Les outils permettent-ils d'obtenir des données désagrégées, tant qualitatives que quantitatives ? 
    • Collecteurs de données - Qui va collecter les données ? Sommes-nous suffisamment sensibles à la confidentialité et à la vie privée des participants ? Avons-nous des personnes correctement formées ? 
    • Analyse des données et rapports - L'analyse des données et les rapports accordent-ils la même priorité à tous les groupes ? Si nous prenons en compte les personnes qui seront engagées dans l'analyse des données et la rédaction des rapports lors de la conception d'un système de S&E, cela permet de le façonner en conséquence. 

    Mes deux centimes, 

    Binod

     

  • Cher Eriasafu,

    Merci de soulever ces questions importantes et de souligner la nécessité d'intégrer la fonction d'évaluation à celles du suivi et de l'apprentissage. Toutes ces fonctions importantes sont interconnectées et, en tant que telles, font partie intégrante d'un cycle de gestion de projet efficace. L'approche la plus efficace consisterait à intégrer dès le départ l'évaluation dans le système global de gestion axé sur les résultats, plutôt que de la réaliser comme un exercice ponctuel à un moment donné du cycle du projet/programme.

    J'aimerais souligner quelques points qui pourraient stimuler une discussion plus approfondie sur les questions que vous avez posées.

    Objectif et utilité

    Avant d'établir ou de développer tout système de suivi et d'évaluation, ses principaux utilisateurs/parties prenantes et ses développeurs doivent être clairs sur le but et l'utilité du système. Par exemple, le système qui génère principalement des données pour les rapports de niveau supérieur (entreprise) est différent du système qui se concentre sur la mesure des avantages pour la communauté locale ou le suivi de l'impact au niveau du bénéficiaire.  Tout système développé doit également être pragmatique et tenir compte des capacités et des ressources disponibles, sans créer ou ajouter des niveaux de complexité ou des fonctions qui pourraient ne pas être utilisées par la suite.

    Considérations relatives aux droits de l'homme et au genre.

    Les systèmes de suivi et d'évaluation doivent adhérer aux approches basées sur les droits, en identifiant potentiellement l'effet des programmes sur les personnes qui réalisent leurs droits humains et en identifiant les meilleures pratiques potentielles pour garantir le respect des droits humains lors de la mise en œuvre des opérations et des programmes. Les processus et activités de suivi et d'évaluation devraient intégrer dûment les considérations liées au genre, en mesurant tout effet des programmes sur les femmes, les filles, les hommes et les garçons, et en évaluant les avantages et les inconvénients. Ces objectifs peuvent être atteints en intégrant des indicateurs de performance sensibles au genre dans les cadres de résultats et de ressources des projets, en identifiant les sources potentielles d'informations ventilées par sexe et en veillant à ce que les données ventilées par sexe soient collectées et utilisées pour le suivi et l'évaluation, dans la mesure du possible. 

    Prise en compte des contraintes

    Les activités de suivi et d'évaluation doivent tenir compte de l'environnement opérationnel des projets et des programmes, et en particulier des contraintes et des risques potentiels. Dans les situations d'urgence et les contextes de crise, les contraintes et les limitations sont multiples, y compris les questions d'accès sécurisé aux sites de projet et aux informateurs prévus, la disponibilité et la fiabilité des données, les biais possibles des informateurs clés dans les contextes de crise en raison de leur localisation ou de leur affiliation. Ces contraintes peuvent être résolues en faisant appel à des partenaires/experts locaux, en recourant à un suivi par une tierce partie et/ou en utilisant une technologie moderne qui permet le suivi et la collecte de données à distance (par exemple, la télédétection par satellite, les données géospatiales disponibles, la collecte de données numériques, les plateformes de données basées sur les téléphones portables, la télédétection par satellite, etc.)

    Ne pas nuire

    Dans tous les contextes, et en particulier dans les situations de crise, les principes de "Ne pas nuire" doivent être appliqués lors de la planification et de la réalisation des activités de suivi et d'évaluation, en tenant compte des sensibilités et des tensions potentielles. Les approches de suivi et d'évaluation proposées doivent être planifiées de manière à ne pas affecter les fournisseurs de données de suivi et d'évaluation, à ne pas exacerber les tensions existantes et/ou à ne pas détériorer les relations entre les informateurs et les autres acteurs/communautés locales. 

    Bien à vous,

    Serdar Bayryyev (FAO)

  • Chers tous,

    Je suis vraiment interesse par ce debat, le suivi et evaluation se font sur base de modele logique, la theorie de changement et devra se tailler sur des bases d'integration de l'analyse genre et inclusivite.

  • Bonjour à tous,

    Le sujet en débat est d'un grand intérêt, vu l'aspect suivi-évaluation des projets de développement qui est soulevé : ne laisser personne de côté et prendre en considération les préoccupations liées au genre et aux couches défavorisées. C'est très important d'y penser. Mais, pour y parvenir, les précautions nécessaires doivent être prises très tôt, en amont du processus de suivi-évaluation. Une approche méthodologique existe en la matière et est utilisée dans le domaine de la gestion des ressources naturelles, mais aussi dans tous les autres domaines du développement socioéconomique. C'est la méthode des 4R. C'est une méthode qui permet d'identifier de façon participative toutes les parties prenantes, sans risque d'en oublier. La méthode des 4R équivaut à Responsibilities, Rights, Relationships and Revenues. La méthode des 4R est très efficace parce qu'elle identifie les acteurs du projet sur la base des devoirs, des droits, des relations et des bénéfices. L'efficacité de la méthode vient donc du fait qu'elle sert depuis la planification jusqu'au suivi-évaluation. Lorsque la méthode est utilisée, le suivi-évaluation ouvre la voie à des séances focus pour des informations riches et exhaustives. Je suis disposé à plus d'échanges sur le sujet, si c'est nécessaire.

    Merci.

    Dr Émile N. HOUNGBO

    Agroéconomiste, Directeur de l'Ecole d'Agrobusiness et de Politiques Agricoles, Université Nationale d'Agriculture de Porto-Novo (Bénin)

     

  • Si le document du programme ou du projet à suivre et à évaluer est logique et fondé sur des preuves, il est plus facile de développer un système ou un cadre MEAL.

    Nous devrions donc commencer par avoir un document logique et fondé sur des preuves concernant un programme ou un projet pour le MEAL.

    Abubakar Muhammad Moki (PHD)

    Ouganda

     

     

  • Nous devons garantir la qualité et la transparence des données. Puis s'assurer que le point de vue de toutes les parties prenantes, surtout les personnes défavorisées, est pris en compte.

    Contrainte : L'indépendance  et la politique qui entourent  l'évaluation ! 

    Nous ne tirons pas les leçons de nos erreurs et nous continuons à faire des choses qui ne marchent pas .Nous devons respecter les standards de l'évaluation et accepter nos échecs. 

     

  • Cher Eriasafu,

    Merci beaucoup pour ce post, et c'est bon d'être en contact avec le sujet du suivi, très négligé et peu considéré par la communauté de l'évaluation.

    J'aime votre observation sur la façon dont le temps passé à se conformer aux exigences de la collecte de données jusqu'au sommet du cadre de résultats ou de la théorie du changement, en passant souvent à côté de l'hypothèse en cours de route, empêche le temps de réflexion et d'apprentissage. Je crois que cette réflexion consiste à révéler l'inconnu en écoutant et en apprenant de ceux qui sont dans le besoin, et non en mesurant ceux qui sont en charge - les communautés exclues et mal desservies.

    Alors, comment résoudre le problème que vous soulevez, à savoir que "les systèmes MEL/MEAL sont limités à la conformité, aux résultats et à l'impact, et incluent rarement des questions transversales telles que le genre et les principes de ne laisser personne de côté".

    Il me semble ironique de constater que, alors que le suivi a pour but d'apprendre, il montre lui-même une capacité limitée à apprendre sur son passé. La recherche de la mesure des résultats et de l'impact n'est pas tant limitative que mal orientée. Même si vous disposiez de plus de temps, les indicateurs de résultats et d'impact génèrent une valeur limitée à des fins d'apprentissage. C'est plus facile à dire qu'à faire si l'on compare avec la mesure des indicateurs définis dans une théorie du changement ou un modèle logique. Les indicateurs font ce qu'ils sont censés faire, ils mesurent des choses qui se sont produites, ou non, dans le passé. Ils ne vous disent pas ce que vous devez faire. Le suivi n'implique pas, et ne devrait pas impliquer, l'utilisation de méthodes rigoureuses - comme un statisticien définirait le terme - orientées vers des préoccupations académiques et des poursuites obsessionnelles de mesure et d'attribution des effets de l'intervention.

    Le suivi a des exigences différentes, comme nous l'avons souligné ci-dessus, c'est-à-dire s'il doit aider les gestionnaires à résoudre leurs incertitudes décisionnelles. Votre affirmation ne tient pas compte de l'hégémonie des évaluateurs occidentaux, principalement éphémères et à tendance académique, et de ceux de la communauté du suivi et de la mesure des résultats, accros aux récits uniques et aux dogmes méthodologiques rigides. Le suivi doit s'affranchir de ces approches mécanistes, et les gestionnaires doivent prendre les devants, accorder la primauté aux voix et aux besoins des communautés indigènes, et s'approprier le processus afin de s'assurer que le suivi génère des informations à des fins de prise de décision au profit de ceux qui légitiment, et pas seulement pour mesurer les résultats prévus définis par ceux qui financent le développement et l'aide humanitaire.

    Bien sûr, il est important d'inclure le genre et de s'assurer que personne n'est laissé pour compte. Toutefois, et sans vouloir paraître désinvolte, cela signifie que la direction ne doit pas être laissée pour compte, par exemple :

    • En soulignant que l'exploration des hypothèses compte autant, sinon plus, que la mesure des indicateurs et que le "système" doit être piloté par des questions définies par ceux qui en sont les principaux utilisateurs, et qui n'incluent pas les évaluateurs externes ;
    • Souligner que, bien que les chiffres soient importants, ils ne le sont pas autant que d'apprendre comment, par exemple, le nombre d'hommes et de femmes ou de garçons et de filles est apparu et comment ils interagissent ensemble.

    Merci encore, et j'espère que ce qui précède vous aidera,
     

    Daniel